On est dans un mauvais film !? // feat. Chizu

Les rues sont longues, les rues sont dépeuplées des étudiants fortunés. En somme, il était environ dix heures et à cet heure là, les étudiants sont en cours.
Normalement.
Sauf la 2-A ; parce qu'ils n'ont pas cours d'histoire ce matin. La vie d'étudiant, c'est le pied ; on travaille quand ça nous arrange, on a des profs qui déplacent leurs cours à la pelle etc.

Seulement, bien que l'emploi du temps possèdent des cours qui saute, il faut bien qu'ils aillent en cours. Et le cours était dans une demi heure. Encore un cours où Junichirô serait en retard, décidément. Il n'était plus à quelques heures près, il séchait peu, mais arrivait souvent à la bourre. Pourquoi ? Encore à trainer chez lui, à fumer des cigarettes sur le balcon, à recevoir des appels par vague ou se demander ce qu'il allait encore inventer pour passer le temps.

Junichirô fait parti de la jeunesse dorée qui ne s'amuse que par l'excès et l'infamie. Non pas qu'il l'ai voulu, il y était condamné. Dans d'autre circonstance, s'en aurait peut-être été autrement ; il aurait pu être gentil, souriant, presque naïf. Non, le Besshô était loin de tout ça ; sarcastique, d'un caractère méfiant ou faussement heureux, trop réfléchi pour se faire prendre au piège. C'est malheureux, les enfants grandissent trop vite.

Bref, j'ai parlé pour ne rien dire là. En dehors du fait qu'on soit dans une rue passante devenue vide, que Junichirô va en cours et qu'il va être en retard ... Ah si, on en connait potentiellement la cause !

Quoi qu'il en soit, Jun trainait la patte et c'était un fait. Il avait son air borné, trop fier de lui, afficher sur le visage. Le rouquin portait un t-shirt à rayure vert et beige et un jean de marque qui coûte trop cher pour un vêtement. Sérieusement, on s'en fout de savoir qu'il porte des bagues cartiers et des chaines qu'on offre d'ordinaire uniquement aux anniversaires.
A cet heure-ci, est-ce qu'il croiserait quelqu'un de sa classe ? Il en doutait fortement. Il lui arrivait d'en croiser, quand il était à l'heure, ce qui était plutôt rare !

Juni s'était arrêté dans un Starbucks juste avant pour prendre son troisième café en à peine deux heures. Son dépendance à la caféine allait devenir maladive. Il alluma une cigarette, celle-là il ne préférait même pas la compter ... Il prit une petite gorgée de son café au chocolat blanc et inclina la tête pour voir derrière lui. A ce moment précis, il faillit s'étouffer quand il découvrit que derrière-lui se trouvait ... (Tadadaaam.)

[Ridiculement court ! Pas grave, c'est les débuts de sujets XD]

Chizu en avait marre. Elle s’était levée de bonne heure pour une étudiante commençant beaucoup plus tard dans le but d’aller s’acheter un nouveau film et de se le visionner avant de partir en cours d’histoire. Mais entre temps, elle avait aidé deux grand-mères en quête d’un coin où ouvrir les vannes. Avec son handicap pour expliquer la moindre chose et son manque cruel de sens de l’orientation, la jeune femme avait pourtant réussi à leur indiquer le chemin des divins toilettes. Mais sa pitié avait alors reprit le dessus : Chizu avait proposé de les accompagner ensuite jusqu’à leur voiture pour les aider à charger leurs commissions. Une heure passée à supporter leurs histoires de produits soi-disant miracles pour les rides. En tout cas, vu leurs visages, c’était pas de la tarte, leurs crèmes.

Tout ceci pour dire qu’il y avait peu de chance pour qu’elle ait le temps de regarder en totalité le film qu’elle venait de prendre. La jaquette toujours entre ses mains, elle prit la peine de le fourrer dans son sac pendu à son épaule droite et de rejeter un chouïa ses cheveux en arrière. On peut dire que Chizu avait fait un petit effort vis-à-vis de sa tenue aujourd’hui : rien ne paraissait sortir d’une boutique exclusivement réservé à la vente de pyjama. Vêtue tout simplement d’un tee-shirt blanc et d’un bermuda kaki, elle flânait un peu avant de se préparer à retourner dans sa résidence et d’y remettre son éternel uniforme. Ses larges baskets blanches traînaient sur le sol, la soif la tenaillait depuis sa bonne action : elle avait alors fait une petite halte pour demander de se faire servir un jus d’orange. Verre en main, la jeune fille pensait qu’il serait temps qu’elle rentre à l’université. Après tout, elle n’avait absolument rien à faire en ville et quitte à être seule, autant ne pas le montrer à des gens qui pourraient de nouveau l’importuner avec leurs foutus demande d’aide pour trouver quoique ce soit. Y’avait pas marqué GPS non plus sur son front… Devant elle marchait un jeune homme, et sa démarche lui rappelait étrangement quelqu’un. Trop occupé à se souvenir, elle n’avait pas réellement remarqué qu’il avait balancé sa tête en arrière. Si Chizu faisait ça elle, elle chopperait de suite un bon torticolis si vous voulez mon avis. Bref, stoppant brutalement sa marche, Chizu se concentra sur le visage qui lui faisait face, et qui tirait une drôle de tête d’ailleurs.

Ha bah normal, c’était Junichirô Besshô. Aujourd’hui ce n’était vraiment pas son jour de chance, elle tombait uniquement sur des gens qu’elle n’avait pas envie de voir. Lâchant sans le vouloir son verre de jus d’orange sous la douce surprise qui s’éclairait sans gêne sur son visage, celui-ci s’écrasa par terre, éclaboussant légèrement l’arrière des chaussures et le bas du pantalon du célébrissime étudiant. Mince. Si elle avait su, elle aurait pris quelque chose qui tâche un peu plus. Remontant son sac sur son épaule, Chizu haussa les sourcils et prit la parole, sincèrement désolée, mais encrée dans un parfait ton amusé et sarcastique.

« Oups. Tu vas devoir changer de jean… »

Sa maladresse la perdra, et puis, savait-elle que c'était un pantalon de marque ? Non, certes non. Chizu ne prit même pas la peine de s’excuser. Avec Besshô, il n’en valait pas la peine de gaspiller de la salive pour lui. L’hypocrite, elle qui ne se gênait pas de balancer les pires injures dans sa résidence –oui elle parle souvent seule… que voulez-vous la solitude-. L’affreux avait en plus une cigarette. Ca lui donnait envie, à Chizu. Ca faisait un moment qu’elle avait plus allumé une seule. Bref, pour pourrir une matinée qui se devait être tranquille, Junichirô l’avait fait, sans rire, beaucoup mieux que les deux mémés.

(Pardonne aussi la courté de mon post. Les débuts c’est toujours dur ><)

Chizu Sahiko, sa journée était destinée à être foutue. En à peine une seconde, tout espoir d'avoir de la chance aujourd'hui était tombé à l'eau, ou dans le jus d'orange, si on veut faire des mauvais jeux de mots. La mine déconfite, il ravala un sentiment de haine qui s'installait comme un pavé dans son estomac. Pourquoi ? Dites moi-pourquoi elle s'était trouvée sur son chemin ? A y penser, Chizu était une cible, mais une cible que Juni avait l'audace de craindre. Mais légèrement ! Depuis les crasses qu'elle avait pu balancer sur lui et Haruhi. Le plus abjecte dans cette maudite histoire, c'est que sa douce réputation s'était affaissée à chaque fois que la dite Chizu ouvrait la bouche. Heureusement que c'est révolu et qu'il a pu lui pourrir son existence pendant au moins deux bonnes années - je brode, manque plus qu'a savoir c'était quoi la vengeance. VDM, les mecs.

Junichirô se crispa net, pas de surprise mais d'agacement. Pire encore, de désolation. S'il n'avait pas fais quelque chose dans sa vie antérieur, il demandait à voir ! Il hésita à lui cracher dessus, lui brûler sa clope entre les deux yeux ou encore la pousser sous le bus qui déboulait à fond. Le bus, solution rapide et fortuite. Cependant, c'est son innocence qui s'en prendrait un coup ; Junichirô Besshô, futur héritier de la firme Apple, emprisonné à perpétuité pour avoir tué une de ses camarades de classe. Mauvais choix.
Le rouquin serra les dents et la gratifia d'un œil mauvais qui en disait long ; je te hais, va crever, pourquoi t'es là. Oh, on peut en dire de belle chose à travers un regard. L'iris, miroir de l'âme ... C'est pas beau à voir.
Encore mieux, comme si l'existence de sa bonne conduite n'était pas déjà assez compromis par la présence de Chizu, il avait fallu que son verre de jus d'orange s'éclate à ses pieds. Junichirô resta bouche bée. Incapable de prononcer le moindre mot, c'était ouvertement du foutage de gueule, non ? Intérieurement, Jun subissait une explosion d'antipathie, une vraie pagaille. Il fulminait et se tâtait pour lui jeter son café à son tour et de lui coller une droite. On ne tape pas les femmes, il paraît. Navrant.

- Toi, tu ... Je me demande vraiment comment tu finiras un jour.

Juni n'était pas spécialement mieux. Il avait la possibilité d'être retrouvé assassiner, à la tête de l'empire paternelle ou encore sous un pont pour échapper à ses méfaits passés. Les idoles ne s'en sortent pas forcément bien enfaite. Le rouquin inspecta minutieusement sa camarade. Elle avait de la chance d'être relativement mignonne pour que son cas ne tombe pas dans la déchéance total. Je vous jure, voilà comment on perd un homme ! Chizu n'était pas en pyjama, comme il l'avait déjà croiser dans la rue et s'était risquer à crever de rire au sol. Non, uniforme. Normal. En tout cas, Jun était déguelasse des pieds au jean et une fois que le jus aurait séché, il collerait de partout en empestant l'orange. Mer-vei-lleux !

Sans déconné, c'était du lourd ! A chaque fois qu'il l'a voyait, ça le mettait dans des états extrêmes.
Jun grinça des dents et posa sa main sur sa tête le temps de se calmer. En inspirant profondément. Avec de la chance, la fumé qui lui sortait par le nez chaufferait ... Ahahah ! Le gosse de riche parqua sa clope dans sa bouche et balança de la cendre sur Chizu.

- On est quitte. C'est tout.

Il se retourna en râlant comme un malotru et cracha même par terre ! Didiou qu'il est vilain cet enfant. Cependant, il n'avança pas. Bizarre, il attendait une réaction ? Au fond de lui, il cherchait toujours les emmerdes. Elle s'était présenté sous ses yeux, il n'allait pas la fuir.

- Qu'est-ce que tu fous là ?

Elle est dans ta classe, pauvre cloche !
Junichirô croisa les bras, sa cigarette toujours posté sur le coin de ses lèvres. Un sourcil mauvais se releva pendant qu'il échafaudait des injures intérieurs qui choquerait la sensibilité des plus jeunes. Point final, ils ne pouvaient pas se voir, et la promiscuité d'une entente potentiel était ... non, inexistante.

Il fallait qu’elle se retienne. Qu’elle canalise tout ça en son fort intérieur, qu’elle empêche les coins de sa bouche de s’étirer… En gros, qu’elle n’explose pas de rire à la figure de ce fichu gosse de riche. Pourquoi ? Une simple tactique de rabaissement total qui, comme d’habitude, n’avait pas grand succès, pour tout vous dire. En tout cas, elle montrait qu’elle était au bord d’un fou rire incontrôlable. On ne voit pas souvent Junichirô Besshô les pieds mouillés d’orange, s’il vous plaît.

Elle pouvait parler l’idiote, elle aussi était de ces foutues familles qui déborde de richesses. Cependant, Chizu Sahiko avait bons nombres de fois accusée l’Elite de se croire au-dessus de tout le monde et d’en oublier la politesse et le respect. Enfin, presque. Ils se respectaient eux-mêmes. Et encore, pour se fringuer où ils se fringuent tous, fallait du courage et une très mauvaise estime de soi, pour Chizu. Mais ça, elle ne pouvait pas le reprocher uniquement à l’Elite : tout le monde allait où elle n’allait pas, en fait, se vêtir des plus beaux vêtements. De son propre avis, c’était juste des bouts de tissus pondus par des gens riches qui paient cette renommée. Pour en revenir à la situation, Chizu se contentait d’afficher un sourire discret qui essayait de triompher contre le regard mauvais de Junichirô. L’étudiante était absolument ravie de la réaction de son interlocuteur. Finalement, tout n’était pas perdu. Que c’était relaxant de se prendre un peu la tête, bien qu’il faille se l’avouer, Chizu allait certainement en baver à son tour. Aux premiers mots prononcés par la victime du jus d’orange, Chizu sourit encore un peu plus largement. Certes, elle ne le savait pas non plus, et elle se le demandait aussi. Après tout, reprendre l’affaire de son père ne l’intéressait pas plus que ça, surtout qu’il se donnait à fond dans cette bourse infâme et son entreprise. Et sa mère, à part la mode rien ne l’intéresse –Chizu se demande toujours comment elle occupe réellement ses journées-. En bref, elle n’avait rien à perdre si ce n’est… de l’argent !

L’honneur et la motivation passe avant tout. Pour elle en tout cas. Elle était un peu perdue dans ses pensées –la folle rêveuse-, alors que Chizu sentait vaguement de nouveau le regard de Junichirô sur son ô magnifique corps ahem truc en chair qui lui servait d’anatomie. Toujours aussi plongée dans son cerveau, ce fut la cendre de la cigarette qui tomba sur sa poitrine qui la ramena à la situation. HA ! Son tee-shirt tout blanc avec la ville de New York qu’elle avait, pour une fois, acheté une fortune (sur internet je souligne, avec des enchères pas possibles). HA ! Non non, ceci n’est pas un appel désespéré pour qu’on nettoie vite son tee-shirt, parce qu’elle sait que ça partira à la lessive. C’est surtout l’odeur de la clope lui refilait une envie monstre, et la cendre encore plus. Chizu se rappelle encore du temps où elle s’amusait avec… Bref. Quitte ? Presque chéri. Son sourire s’affaisse, elle reste un peu concentrée.

« T’es malade ! C’est un collector ça ! »

Peut-être pas, mais ça l’était pour elle. Puis elle le regarda Junichirô cracher par terre, et une sensation d’amertume lui traversa le cœur. Oui, Chizu elle aimerait beaucoup savoir cracher comme un mec. C’est marrant et puis ça choquerait bien ses parents. La question qui lui posa fit redresser son sourire. Les membres de l’Elite posaient souvent des questions comme ça ou Junichirô était bel et bien idiot ?

« J’espérais ne pas retomber de nouveau sur une compagnie exécrable. Mon souhait n’a pas été exaucé, apparemment. Je tue le temps, et toi ? »

Là voilà qui bloque. Que pouvait-elle bien lui lancer comme répliques qui le crucifieraient sur place, genre maintenant ? Après tout, Chizu avait beau être un peu débile sur les bords, elle n’était pas dénuée de logique : Junichirô allait lui balancer les pires énormités, et elle ne comptait pas se laisser faire. Sauf que le matin, fallait pas brusquer Chizu, et encore moins quand elle venait d’être emmener de part et d’autre de la ville par un duo de mémés sanguinaires et toilettement parlant, très chieuses. En tout cas, charger une voiture de sacs gros comme un building l’avait échauffé. Elle n’avait pas peur des poings, ou en tout cas moins que des critiques. Cependant, Chizu savait que Besshô n’allait pas lui sauter dessus, à son grand regret. Non pas qu’il était charmant (bon ça fallait qu’elle l’avoue et elle l’avoue très facilement !), mais qu’est-ce qu’elle aimerait lui coller une claque à ce mec-là…

L'exaspération. Une définition qui collait parfaitement au contexte. Jun, exaspéré par la conduite de son interlocutrice, exaspéré par sa mine satisfaite.exaspéré par ce qu'elle pensait. Junichirô et Chizu étaient des antithèses, mais dans leur relation, de parfais doubles. Ils établissaient le même mode de penser l'un pour l'autre, ils constituaient des vacheries puériles aussi bien d'un côté que de l'autre. Étaient-ils pathétiques ? Exclusivement de la rage à cracher. Étaient-ils immatures ? Simplement des comptes à se rendre. Pour cause, un verre de jus sur les pieds contre de la cendre sur le t-shirt. Junichirô pouffa de rire en inspectant son t-shirt. Elle portait des modèles unique, maintenant On en apprend tout les jours. Un sourire narquois continua la mimique amusé de Juni. Il ne se plaisait qu'en renvoyant les pics qu'on lui lançait.

- Mais oui, je te nettoierais ça, Junichirô marqua un temps de pause avant de s'esclaffer, dans un de tes cauchemards, sans doute ! Je te hante ?

Hanter. Hanter par ce qu'il avait pu lui faire gouter, un enfer qui n'avait cessé de la brûler pendant deux longues années. (Je te laisse développé. Si tu veux.)
Dévoré par son égo, un égo débordait qui finissait par toucher ses camarades. Cet égo qui lui permettait de provoquer les gens sans avoir l'air de passer pour un con. Pire, même ; il pétait la classe ! Chizu n'était pas dans un bon terme avec le rouquin, est-ce que son attitude excellent de provocation tentatrice marcherait ? Non, faut pas pousser mémé dans les orties, ahahah ! A d'autre ...
Quoi qu'il en soit, elle s'attaquait à sa petite personne. Sa petite personne ignoble, abject. Son amour de soi -ou pas, méprisable. Avec elle, il s'y habituait. Il y a certaine reproche qu'il acceptait, qui lui passait par dessus la tête et, à la limite, qui pouvait le flatter. En dehors de certain propos qu'elle avait pu porter à son égard et qu'il n'avait pas apprécier. Il s'en souvenait, fermait les yeux la dessus. Un événement qu'il préférait ne pas remettre sur le tapis en sa compagnie.

- Exécrable ? A ce point ? Tu rentres dans les illusions, ma belle.

Ou pas.
Elle avait raison. Il était méchant dès que ça l'arrangeait et se marrait bien de ce petit vécu.

...

Eh ? Elle tue le temps. Tu parles, elle est aussi en retard que lui ! Junichirô reprit sa cigarette entre ses doigts et tira les dernières taffes. Il arrivait à la fin. Il regarda cette dernière se consumer et la brandit devant Chizu. Bah, peut-être qu'elle fumait. Comment ? Junichirô généreux. Ne vous mettez pas à croire des choses. Il ne changera pas, c'est tout !

- Techniquement, je suis en retard. Et en me retenant, mon cas ne va pas s'améliorer, il jeta un coup d'oeil à sa montre. En retard ? Tant pis, moi qui pensait que t'étais une élève exemplaire ... Attend, tout compte fais, non ! Qu'est-ce qui t'as fais venir à Crystal au fait ? Je te manquais à ce point ?

Moi je dis, Junichirô est un sarcastique affectif. Oh, il suffit de le piquer au vif pour qu'il crache son venin.

Deux années de durs labeurs. Deux années lorsque, partout où Chizu allait, les étudiants alentours ou simplement au courant (oui d’accord, tout le monde en fait) faisait des remarques, pouffaient, ou la regardaient avec pitié. Elle était une cible, une victime, un des plus grands coups qu’avait jamais réussi Junichirô Besshô. Une mésaventure qu’elle se passait étrangement de reparler, car l’étudiante avait eu du mal à s’en débarrasser. Et malgré ses efforts, l’histoire était toujours présente dans les esprits. Certes, elle commençait à s’y faire, mais la honte et l’amertume étaient toujours aussi présentes.

« Je te hante ? ». Le sourire de Chizu disparut rapidement. Elle fixait le regard de Junichirô, en lui faisant clairement comprendre que s’il elle n’était pas si idiote, elle le tabasserait à mort. Cependant, ça ne ferait qu’agrandir la satisfaction déjà énorme du jeune homme en face d’elle. Il serait trop heureux d’avoir réussi à la faire craquer, sans doute. Le sang froid. C’était une de ses aptitudes, mais Besshô était bien un des seuls à arriver à lui faire monter la moutarde au nez. Il était habile, elle ne pouvait le nier. C’était honteux comme parfois il arrivait à la démonter en une seule réplique. Honteux, stressant… Oui, tu la hantes. Et c’est bien ça qui l’inquiète. Son sourire réapparaît brusquement, un faux air surpris encrée dans celui-ci. Elle ne prit pas la peine de répondre, il devinerait sans aucun mal qu’elle se foutait de lui. Il avait repris la parole, Chizu l’écoutait attentivement. Les illusions, c’était bien qu’il en parle. Elle déteste s’en faire, se couvrir de mensonges et d’imaginer ce qui est impossible : la réalité est la seule franchise. Pourtant, elle avait usé de ces mesquineries pour tourner à son avantage des paroles qui ne l’étaient pas. En tout cas, le 'ma belle' avait été de trop. Elle détestait qu'on la surnomme.

La cigarette qu’il lui tendit la réveilla soudainement. Elle tombait dans d’horribles séances de réflexion à cause de cet idiot bourgeois. Alors certes, il avait beau être vaniteux et tout le reste, il restait un adversaire de taille. N’oublions pas qu’il faisait partie de l’Elite, et qu’elle n’était qu’une étudiante. Sa patience était mise à rude épreuve, et ainsi elle accueillit avec gratitude –oui, gratitude-, cet anti-stress mortel. Junichirô lui tendait une perche, sans s’en rendre compte. Elle avait reprit son sourire sarcastique dès la première bouffée. Et lorsque son interlocuteur eut fini son petit monologue, elle lui souffla avec délectation la fumée sur son visage. L’étudiante s’approcha un peu de lui et lui répondit, en tournant son regard sur le côté.

« Exemplaire ? Tu me flattes, Besshô… Pourquoi ? Oh et bien c’est tout simple elle fit tomber la cigarette sur le béton et posa son pied sur celle-ci, relevant alors cette fois la tête vers le jeune homme il faut bien que je rafraîchisse la mémoire des étudiants de l’université sur des sujets… elle fit tourner son pied, éteignant définitivement le mégot fumant peu avantageux si tu vois ce que je veux dire. »

Croyait-il vraiment qu’après sa mauvaise blague, Chizu allait laisser passer tout ceci aussi facilement ? L’humiliation qu’il lui avait fait vivre n’était que de courte durée. Elle trouverait très bientôt quelque chose pour éteindre de nouveau la fierté fugace dans les yeux de Junichirô. Un étrange sourire, un peu plus sincère et léger, s’installa à la place sur son visage. Claquant soudainement ses deux paumes entre elles, Chizu reprit la parole, l’air soudainement sympathique, avec cette nuance de défi pourtant bien présente.

« Mais c’est vrai que de ne plus voir ta bouille tous les jours me manquait. J’ai bien fais de venir, finalement, n’est-ce pas ? On est tombé dans la même classe… comme au bon vieux temps. Au fait, si tu as peur d'être en retard, pourquoi ne t'en vas-tu pas ? »

Chizu s’attendait à ce qu’il réagisse dans une parfaite maîtrise de soi. C’est ce qu’elle aimait bien, finalement, chez lui.

Une réussite ? Junichirô avait sans doute tapé dans la corde sensible en rappelant à sa cible préférée qu'il l'a hantait. Réaction normal pour Chizu, après l'avoir réduit à la honte pendant deux ans. Un garçon redoutable le Juni. Il tirait des ficelles qu'il avait crée, vivait et jouait sur son propre terrain. Sauf quand il était seul avec Chizu ; là, c'était une autre paire de manche. Les deux pouvaient se permettent de remettre au tapis leur relation conflictuel sans qu'elle ne s'ébruite, un peu trop. Avantage ou non.

La cigarette semblait faire le plus grand bien à sa rivale. Bon, dernière nouvelle, elle fumait. Tant mieux, ça faisait un point commun là dedans. Il cogita un peu, petite réflexion qui lui fit peur et si ... Ils venaient à se retrouver lors des pauses clopes entre deux cours ! Juni préféra oublier ce qu'il supposait être possible d'arriver. Il écouta passivement la demoiselle sous ses yeux. Haru et lui, il ne voulait pas en parler, raviver les ce que la brune avait colporter sur lui, lui coutant des remarques désobligeantes. Des arguments troublants, certes, un raisonnement à sa hauteur. Le rouquin ne broncha pas, en dehors du rictus nerveux qui lui balafrait le visage. Il lui en voulait. Mais à mort ! Comme un chacal un ... un ... Bref. L'héritier Besshô inspira profondément, signe d'irritation. Même sans ajouter un mot, on voyait dans son attitude que Jun était un garçon au tempérament excessif, nerveux, autoritaire et même sanguin. Le pauvre gosse s'énerve bien trop vite. Heureusement pour lui, ou pour elle, les antagonistes ne s'affrontaient pas sur un terrain violent. Des mesquineries taquines, des provocations gentillettes. Ça cache un jeu ça, non ?

Donc, pas d'hostilité à s'en démolir la face. Bien au contraire, pour cause, la brune jouait la sympathie moqueuse. Une touche de d'agression coquète, sans pour autant se montrer abjecte. Ca le bottait plutôt bien.

- Quel déclaration touchante, je vais finir par te faire tourner la tête. Si je ne me pointe pas en cours maintenant, c'est parce que ta compagnie est tellement agréable. Je ne me délecterais jamais de ta présence. Quel ironie. On est mieux à taper le carton ensemble, non ? Avoue, les cours d'économie, ça te gonfle autant que moi ?

Vraiment, pour des littéraires, c'est quoi l'intérêt d'aller en économie ? Ri-di-cule ! (Oui, j'invente des trucs.) Et pour quelques minutes de retard, ça n'allait tuer personne ! Le rouquin s'arma d'une nouvelle cigarette qu'il garda entre ses doigts sans pour autant l'allumer pour l'instant. Il ne jouait le registre de l'ironie et du grand foutage de gueule. Un choix plaisant et qui fait monter l'estime.

- Bizarre que tu mettes les pieds dans la même Université que moi. J'aurais pensé que tu m'éviterais comme la peste. Tu baignes dans l'audace ?

Le rouquin laissa sa cigarette rouler entre ses doigts, il ne sortait pas son briquet. Préférant analyser les réactions de sa rivale, il badinait à la provocation et à l'embrouille. Juni folâtrait à tester les autres.

[Court, désolé >o<]

Peut-être que si elle avait su, Chizu ne serait pas allé aidé ces petites mémés sans cœurs. Non, elle serait tranquillement rentrée chez elle comme ferait n’importe qui, à se planter devant son ordinateur et à se passer le film qu’elle venait de s’offrir. Il faudrait qu’elle pense d’ailleurs à s’acheter une nouvelle étagère pour le ranger… l’autre devenait pleine à craquer. Et puis, si elle ne voulait pas lui parler à Besshô, qu’est-ce qu’elle foutait encore là ?

Chizu fut cependant un peu récompensée : son sourire s’agrandit de plus belle lorsqu’elle remarqua le mécontentement monstre qu’affichait sans grande retenue Junichirô. Il ramenait d’anciens souvenirs, elle faisait de même. Œil pour œil dent pour dent. Pourtant Chizu n’était pas aux summums de ses répliques sanglantes. Elle restait polie et souriante, un sourire certes peu sincère et sarcastique, mais elle n’en était pas à s’énerver au plus au point. Quitte à le tuer, vaut mieux le faire petit à petit, au contraire de lui qui l’avait pris quelque peu par surprise. Une surprise qu’elle se serait bien entendu largement passée. Ce souvenir transperça son cerveau, comme à chaque fois qu’elle y repensait en fait. Elle avait beau être d’excellente humeur chaque jour, il n’en était pas moins qu’elle préparait une vengeance. La première règle de Chizu était de ne pas se laisser faire, et ce n’était pas à cause d’un quelconque membre de cette Elite ridicule que ses convictions allaient disparaître. On ne change pas mademoiselle Sahiko comme ça, non ! Et tandis que Junichirô jouait tranquillement son jeu de gentleman sarcastique, Chizu bailla largement, sans prendre la peine de mettre la main devant la bouche.

C’était clair que l’économie n’était pas son terrain. Chizu observa son interlocuteur se sortir une nouvelle cigarette, et son sourire s’effaça quelque peu à ses paroles. Ce n’était pas elle qui était venue dans cette stupide Université, c’était encore ses vieux qui contrôlaient sans arrêt sa vie. Mais ça, or de question de l’expliquer à Junichirô. Elle qui exclamait partout que ce dernier était une piètre personne incapable de vivre sans l’aide de Papa, ce n’était pas demain la veille qu’elle allait avouer qu’elle faisait un peu pareil, bien que contre son gré. Et puis, elle ne profitait pas de ça pour jouer les arrogants et se croire au-dessus de tout le monde, elle. Les bras ballants, elle porta ses mains dans ses poches arrière, se balançant un peu sur ses baskets, le sourire aux lèvres.

« Oui, l’eau y est tellement agréable. Ca relaxe totalement. Tu devrais t’y essayer à ton tour, Besshô. Et puis mettre un peu de piment dans ta vie plate et sans surprises serait une si bonne idée… »

Redressant son sac sur son épaule, Chizu jeta un coup d’œil sur son portable. Elle le rangea, puis pointa la rue en direction de l’Université.

« Ca te dit qu’on fasse un bout de chemin ensemble ? Histoire de discuter encore un peu ? J’adorerais que tu me racontes comment tu arrives à trouver quelque chose à faire dans ta pauvre petite routine de bourgeois surpopularisé, excepté les jours où tu pourris la vie des autres par ta présence et ton arrogance. »

Sans attendre de réponse, elle prit le soin de traîner les pieds de nouveau sans s’en apercevoir, commençant à avancer. Si Junichirô jouait le jeu, il la suivrait. C’était presque certain, il n’abandonnerait pas la partie qui se déroulait en ce moment. Amusantes taquineries, Chizu attendait patiemment que celui-ci s’énerve. Il fallait juste qu’elle trouve quelque chose qui le dérouterait complètement, quelque chose d’autre que son sujet tabou nommé Haruhi. Originalité avant tout, il était temps de renouveler les répliques.

Junichirô avait parfaitement conscience que Mlle Sahiko n’en avait rien à péter de sa gueule. Il aurait de l’importance pour elle dans la mesure où elle pourrait se venger. Une des raisons pour lesquelles ils devaient s’adresser la parole, sans doute. Entre nous, Juni aime bien parler aux gens ; surtout ce qu’il n’encadre pas. Comme ça, il en apprend plus, récolte des informations et c’est nettement plus pratique pour établir des stratèges contre les cibles. Une méthode élémentaire, mais qui avait le mérite de marcher. Autant interpréter une comédie magnanime, tisser une toile ou coincer ses cibles. Tout ça pour faire chuter les pions de l’échiquier. Le roi dirige, les autres s’inclinent.

Chizu se balança sur ses pieds. Une naïveté, proche d’une innocence, lui collait à la peau. Si elle avait porté un autre nom, Juni aurait peut-être pu la trouver attendrissante. Non, il ne pensa rien et se mordit la langue pour la fermer.

- C’est vrai, t’as l’air plutôt bien dedans. Si ça peut te permettre de nous tenir tête sans flipper, j'vais pas t’en priver !

Eh ?

Une vie privée sans rebondissement ? C’est qu’elle ne devait pas le connaître – bah en même temps, pour le juger comme ça. Juni vivait une vie instable ; entre ses problèmes familiaux sur la succession, ses gueulantes pour ne pas reprendre l’entreprise, les menaces qu’il subissait d’être couper de tout héritage. Et la vie qu’il montrait, harceler par les fêtes, par des agences qui s’arrachaient sa belle gueule pour faire fortune. Il avait son public et n’était pas autorisé à la fausse route.
Junichirô devait constamment faire attention à son apparence, ce qu’il disait. Il devait préserver sa vie privée ; le fait qu’il soit un génie sans l’avouer, qu’il était sur le point d’être un Besshô déshérité. Vous auriez aimé être Junichirô, pas moi.

Sur quoi, Chizu n’avait pas l’air de vouloir faire le chemin toute seule. Personne dans les rues, rien à faire. Ca ne tuerait pas Jun de faire la route avec elle. Seulement, il devrait se dispatcher avant d’entré en cours, ça ne plairait à aucun des deux d’être vu ensemble.

- Soit, ça marche. J’arriverais sans doute à te donner envie ; Junichirô vit dans un appartement énorme, payer par les soit de son père. Il est au dernier étage et ce n’est ni un décorateur d’intérieur, ni sa mère qui l’ont décoré. C’est le fils, seul. Qu’est ce qu’il fait de ses journées ? Il lit, écoute de la musique à en faire trembler les murs et changent la disposition des meubles. Seulement, il le fait quand il a le temps … Après …

Le gentil narrateur va établir un discours rapporter, je n’ai pas envie d’avoir une composition (comme dit mon père XD) verte.

Junichirô se mit donc à parler avec conviction de sa vie de tous les jours. D’un côté, il prenait un ton mélancolique, mais enjoué. Rude et morose, pourtant il s’efforçait d’avoir l’air satisfait. Le rouquin possédait une vie dont tous les adolescents auraient peut-être voulu avoir ; baigner dans l’argent, les fêtes et tout le tintouin, c’était moins simple.
Juni confia à Chizu qu’il était harcelé du matin au soir et même la nuit par des propositions de fêtes. Qu’il passait le plus clair de son temps à les décliner tout en envoyant promener les abrutis qui spammaient sa boite mail en croyant qu’ils étaient amis. Il rajouta qu’il avait beau être blindé au as, il ne cherchait pas à s’en servir excessivement. Il combla les troues de son discours par ses multiples convocations chez son père pour parler de la succession et termina par Fox.

- Tu vois, Sahiko. On n’a pas tous une vie plate ; Fox, la succession. Tu piges, je passe pas mon temps à boire et à m’envoyer en l’air.

Le rouquin dévisagea la brune d’un air grave. Ca lui suffirait amplement et démentirait tous ce qu’elle avait pu dire sur lui il y a quelque année de ça. Ou alors … il avait trop parlé. En tout cas, c’était une bonne chose de faite. Mais avant de continuer, l’héritier Besshô attrapa Chizu par le bras et la retourna violement face à lui.

- Ecoute, ne cherche pas à mentir en pensant que tu mènes une vie différente de la mienne, de nous tous. On est tous pareil à Crystal, riche, dépositaire d’une bourse et la plupart du temps, on est classé dans les meilleurs dossiers nationaux.

Il faisait de son cas une généralité. Quelle erreur, il était parmi les meilleurs dossiers nationaux, une partie des étudiants possédaient des parents aveuglés par l’argent, payant Crystal pour y intégrer leur bourrique de gosse.

- Sans rire, n’essaye pas de me faire croire que t’es pur et adorable.Tu caches forcément un truc. Qui est ordinaire à Crystal ?

Chizu n’avait jamais cru à la chance. En tout cas, là, c’était la malchance qui marchait totalement. Peut-être qu’elle n’aurait pas du lui proposer de marcher. Oui, Chizu aurait du se barrer en l’insultant de tous les noms. Certes, ç’aurait pu la satisfaire mais bizarrement, elle avait lancé un sujet qui l’intéressait, et encore plus étrange, Junichirô lui avait répondu. Son long discours, elle écouta très attentivement (encore un truc qui sortait de la normale, car Chizu, même en classe, baillait sans se retenir devant toutes paroles énoncées par le jeune homme), et s’avoua à elle-même que Besshô avait du pain sur la planche.

Mais il n’aurait peut-être pas du parler des demandes qu’il recevait même la nuit. Chizu, elle, consultait sa boîte chaque jour, avec la même lassitude d’y voir la petite fenêtre s’ouvrir et lui annoncer : « Aucuns nouveaux messages » et cliquer encore une fois sur la croix rouge en haut de son écran. Et cette absence d’une quelconque attention, elle le mettait toujours sur le dos de l’Elite et du numéro un. C’était à cause de lui et de ces stupides plans qui ruinaient toutes possibilités de se lier avec quiconque (bon elle exagère parce qu’on ne l’ignore pas non plus, la preuve avec certaines de ses camarades). Ecoutant désormais un peu passivement, son attention revint à la charge quand Junichirô lui parla d’une certaine « organisation » appelé Fox. Intéressant et surtout génial. Elle n’était pas la seule à se rebeller contre ces petits bourgeois aussi insignifiants que les autres, qui profitent de leur soi-disant renommée pour manipuler tout le monde. Elle riait intérieurement, espérant que Fox arriverait à leurs fins très bientôt, et elle sentait son regard sur elle : avait-il compris son erreur ? Il en apprenait beaucoup à Chizu, sur ce coup-là. Ce qui pouvait certainement l’aider à sa venger un brin. Sauf que cette légèreté fut de courte durée. Besshô l’avait soudainement choppé par le bras, et elle fut surprise avec quelle force il la tira en face de lui. Après tout, il n’avait pas une carrure de grand gaillard.

Rougissant de colère, Chizu écouta ses paroles en lui décrivant toute la haine dans son regard, tandis que sa main libre se levait. Chizu avait toujours attendu de lui en coller une. Simplement, elle se ravissa, laissant tomber mollement son bras le long de son corps. Elle détestait qu’on la prenne comme ça, qu’on la force à quoique ce soit, mais encore plus lorsqu'on pensait l'avoir énervée. Et même là, pour elle, Junichirô se cramait un peu, en montrant très bien qu’il n’avait aucun sang-froid lui aussi. Mais savourer cette petite victoire ne suffisait pas à le faire lâcher prise, malheureusement. Or de question de répondre positivement à sa question. Jamais Chizu n’avouerait le fait que tous les élèves étaient pareils à Crystal. Ce serait baisser les armes trop tôt, même s’il n’avait pas tout à fait tort. Sauf sur un point : tout le monde n’était pas rentré ici avec un bon dossier. La preuve, Chizu y avait été traînée de force par son paternel (bien qu’elle ne soit pas une mauvaise élève). Gnégnégné. Il l’énervait encore un peu plus quand il reprit la parole. Parce qu’il avait raison, Besshô. Et ce qui la contrariait le plus, c’est que ce dernier n’avait justement pas la vie plate qu’elle lui avait imaginé. Pendant un moment, elle ne pensait pas être la seule à ne rien faire.

Chizu soupira sans retenue. Elle posa sa main sur celle de Junichirô et l’arracha de son bras (non sans mal). Reprenant un peu son calme, l’étudiante prit la parole d’une voix posée, croisant ses bras sous sa poitrine. Elle ne répondait pas réellement à la question, mais elle disait ce qu’elle pensait.

« Soit, tu as une vie bien remplie, mon cher, j’avoue. Malgré tes petits problèmes qui me paraissent assez insignifiants à côté de certaines personnes, tu tiens à garder ton statut d’étudiant vaniteux qui pourrit la vie des autres par sa présence. »

Elle en était presque certaine : il ne pouvait pas lui avoir tout dit sur sa petite vie. Ou sinon, ce serait un vrai imbécile. Chizu, pour une fois, semblait supporter Junichirô, même si son teint était toujours un peu rosé à cause du contact qu’il avait produit. Ca la gênait et ça montrait une certaine faiblesse qu’elle ne voulait absolument pas afficher. Il fallait qu’elle garde sa fierté devant Besshô.

« Je n’ai jamais eu la prétention d’être sage comme une image, Junichirô, et tu le sais que je suis loin de l’être. Par ailleurs, je pense ne plus rien à avoir à cacher. Et même s’il restait une seule chose que tu n’as pas réussi à atteindre chez moi, Besshô, je pense que c’est plus excitant de garder le suspense. Ensuite, pour les gens ordinaires, il est vrai qu'il n'y a pas foule à l'Université. Mais si tu détachais un peu ton regard de ton nombril... »

Tournant un peu la tête vers l'arrière, Chizu voyait un morceau du bâtiment de Crystal. Jamais elle ne changerait d'avis : Besshô était une personne mauvaise.

Certes, Jun était brusque. Non pas qu'il soit mal élevé, le rouquin aimait se faire entendre ; encore plus face à face. Évidemment qu'il prenait des risques, évidemment qu'il était conscient que tout le monde n'appréciait pas d'être attrapé violemment. Pour Junichirô, c'était une condition rapide et efficace. La réaction de Chizu ne l'étonna pas ; risquer de se prendre une claque, il la frôlait presque tous les jours. Cependant, quasiment personne n'avait encore osé lever la main sur lui. Peut-être 5% de son temps, un pourcentage bien faible en vue de ce qu'il était capable de prononcer. Un chiffre infime et la plupart des individus qui avaient osés avait mal fini. Mal tourné, selon les humeurs et les sentences de l'Elite. L'E5, une bande de cinq terreurs à qu'il ne fallait pas chercher des noises sous peine de payer trop cher pour si peu. Qu'importe, Chizu ne le frapperait pas ; pas cette fois. Le numéro un avait entièrement conscience de son manque de sang-froid, il était capable d'avoir du tact, mais quand ça l'arrangeait. En tout cas, la cible elle, n'appréciait guère son geste. Il pouvait le lire facilement sur son visage et au contact de sa peau. Crispée, raide, sur les nerfs ; elle ne devait pas être du genre à aimer les contacts vifs, surtout venant d'un type qu'elle ne blairait pas.

La brune l'avait écouté et pourtant, elle ne lui répondit pas en gardant sa position. Junichirô s'était posté en supériorité le temps de parler et l'avait perdu quand sa cible l'avait voulu. Dommage. Elle écarta la main du rouquin avec insistance, marquant sa nervosité d'un soupir. Parmi les prouesses que Jun arrive à faire, énerver ses concurrents reste dans ses plus belles victoires. Et un point pour le roux ! Ou pas ...
Il reprit un ton d'ironie et comprenait parfaitement que Chizu était déçu de sa réponse. Elle voulait s'attendre à un adolescent qui s'emmerde, elle se confronterait à une vie pourri par les problèmes. Junichirô demeurait fier de lui ; pour l'avoir surprise et pour également pour lui avoir fait entendre raison. Bien sûr qu'elle n'admettrait pas qu'il avait raison, c'était un monde à cracher dessus. Les étudiants de Crystal baignaient à pied joint dedans.

- Ça se tient. Je prend soin d'entretenir mon image, mademoiselle ! On arrive pas à mon statut en claquant des doigts, il faut s'en rendre compte.

Junichirô s'écarta et traina la patte sur le côté pour prendre plus de recul. On se rapproche pour s'avouer des conneries dans le blanc des yeux et on s'éloigne pour les futilités. C'est tout, ou presque. Mais, dans la plupart des cas, c'était comme ça.
Par contre, Chizu le lançait sur une longueur de défi. Il l'avait démoli et elle était revenue ; ce qui montrait qu'elle avait du caractère, de la force et de la conviction. Il avait voulu un adversaire qui lui tiendrait tête, qui lui arriverait à la cheville, il en avait trouvé une. Junichirô esquissa un somptueux sourire de satisfaction. Alors comme ça, elle n'était pas sage. Qui plus elle, il était possible qu'il recommence une dernière fois ce qu'il avait programmé. Ou bien achevé le travail qu'il avait commencé. Dans tous les cas, une nouvelle vague de conflit finirait par naître. Sans le cacher, c'est ce qui plait à Juni.

Le rouquin se mit à rire et emboita le pas vers la suite de leur excursion. Ils avaient pris du retard et seraient sans doute bien à la bourre. Qu'est-ce que ça lui foutait, il avait trouvé quelque chose de mieux à faire que d'être invité à toutes les soirées et tenter de découvrir comme un forcené les membres de Fox. Au passage, il balança une frappa taquine sur l'épaule de Chizu. Pas méchant, ni au point de vous mettre au tapis, faut pas déconner. Juste un petit coup de point dans le creux de l'épaule, presque affectif. On pourrait croire, hein. Faut pas se faire d'illusion les gosses !

- Et change de couleur, on dirait une crevette.

Est-ce qu'elle finirait le chemin avec lui ? Au fond, maintenant, ça ne le dérangeait pas tant que ça. Comme ça, il finirait de tourner autour de Chizu et savoir comment la détruire une seconde fois. Oh, mais quel bâtard cet enfant ! Avouez, on l'aime comme il est, sinon c'est plus Jun ~

La vérité était telle que Chizu détestait être en infériorité devant quelqu’un qu’elle ne pouvait sentir. Cette sensation de ne rien pouvoir faire la frustrait terriblement arrivait juste après celle de se rendre compte de son erreur trop tard et s’en vouloir définitivement. Car l’étudiante avait compris sa gaffe juste après que Junichirô ait sourit d’un air bien trop heureux à son goût. Montrer sa nervosité et sa déception était une énorme bêtise, surtout devant son pire ennemi. Ca ne faisait qu’augmenter sa particulière satisfaction et elle lui offrait pratiquement la victoire sur un plateau d’argent. La voilà qui regrettait de ne pas lui avoir coller une bonne baffe. Trop de regrets sur son compte, ça la fatiguait. Repensant à ses paroles, Chizu retint un rire ; c’était clair qu’on n’accédait pas à sa pseudo puissance simplement en le voulant. Et il fallait qu’elle s’avoue que si l’Elite n’était pas composé de charmants jeunes hommes, elle n’aurait certainement pas cette renommée, bien que plus craintive qu’admirative de l’avis de Chizu. La majorité des étudiants de l’université se basaient, de toute manière, sur cette foutue apparence et sur l’image que l’on donnait de soi-même. Une chose que la jeune femme déplorait totalement, et critiquait sans arrêt.

Mais malgré toutes ces petites énormités, l’étudiante s’était assez bien rattrapé. Le rire qu’il exprima ne lui plu pas des masses, cependant, elle se retint de montrer trop facilement son mécontentement monstre. Le voyant avancer, Chizu ne bougea pas tout de suite et pour cause, ce dernier lui avait fait une de ces tapes douces, loin d’être une agréable, ça restait venant de Junichirô, qui la fit se mordre la lèvre inférieure. Qu’est-ce qu’elle le haïssait ! Le voir toujours aussi détendu l’énervait plus qu’autre chose, finalement. Et même si elle avait réussi à faire tomber le masque, elle avait l’impression qu’elle n’y arriverait plus de si tôt. Mais au fond, c’est ce qu’elle appréciait dans le petit jeu. La partie continuait. Celui dont le château de cartes s’effondrerait le premier serait le perdant. Il fallait avouer cependant que celui de Chizu était assez entamé… Une crevette ? Chizu fit des yeux ronds : elle détestait tous les crustacés de ce type, mais moins que l’Elite. Pour elle, ça restait de foutus poissons tournant dans leurs aquarium et se vantant d’en avoir un plus gros que le sien. A de deux doigts de le faire tomber en mettant son pied en travers de son chemin, elle inspira silencieusement à fond et le suivit en pressant le pas.

« Tu sais ce qu’aime manger une crevette, Junichirô ? Elles adorent bouffer des planctons, ces petites algues microscopiques rouges-orangés… »

Elle leva sa tête pour mieux voir les cheveux du rouquin et lui faire comprendre de quoi elle parlait. Souriante, presque gentiment, elle redressa de nouveau son sac qui semblait glisser et traîna ses baskets. Elle baissa la tête, histoire de regarder où elle marchait et prit conscience de quelque chose : si on les voyait entrer ensemble, c’était très mauvais pour elle. Pour lui encore, elle n’en avait rien à cirer. L’important était de ne pas être vu en sa présence. Les hostilités resteraient ouvertes jusqu’à ce que un des deux soit à terre. Bien entendu, Chizu ne doutait en aucun cas de ses capacités. Très bientôt, elle trouverait quelque chose qui aurait un impact fou sur la réputation de Besshô, elle était très confiante. Peut-être même un peu trop, ce qui pourrait la vouer à l’échec sans même s’être battue correctement. Ne pas perdre l’objectif qui était en vue : c’était ce qu’elle devait se répéter. Son teint était redevenu normal et cela la soulagea un peu, l’encourageant à reprendre la parole, le silence n’étant pas ce qu’elle préfère.

« C’est bien d’accepter ce qu’on est avec fierté. Ce qui prouve encore un peu plus que tu es un petit vantard. Je me demande bien ce que les filles te trouvent de si… extraordinaire. »

La comparaison avec la crevette peu flatteuse mit le feu au poudre ; à feu doux.
Une crevette peut-être mignonne, avec ses petites pattes et sa couleur rose chair … eh ?

Non, c'est pas si mignon une crevette, maintenant que vous m'y faites penser. Mais pour Chizu, ce serait amplement suffisant d'être une petite crevette. Une tout petite crevette qu'on étripe et … Non, c'est mal ce que j'imagine. On étripe pas Chizu, bande de tortionnaire !

De son côté, Junichirô ne s'y connaissait pas particulièrement en animaux et autres êtres vivants dans la mer. En même temps, les bestioles marines n'étaient pas sa tasse de thé. Laid, visqueux, parfois gluant et limite, elles sentent le rat mort. Oubliez ce qu'il a dit ; Chizu sera une jolie crevette qu'on voit en dessin arrangé, pas la crevette du documentaire animalier.
Jun attrapa une des mèches qui lui balayaient la vue et l'observa avec une moue d'enfant trop curieux. Subtile comme remarque, pensa t-il. Il adressa un doux sourire attendrissant en répliquant anodinement d'un ton qu'emploie les gamins.

- Ah oui ? Je vois pas du tout :3

Fais donc l'innocent.
Junichirô laissa retomber sa mèche rousse et inspecta son jeans. Orange et collant. Lui aussi avait sérieusement clamsé. La chance tourne, ou pas. Entre lui et la brune, qui avait l'avantage ? Il se retourna en désignant avec insistance ses baskets.

- Tu m'en diras tant.

Il commençait à empester sérieusement l'orange. Faute à un verre éclaté. De toute façon, il n'était pas le seul à être salit, Chizu héritait de sa cendre sur le t-shirt blanc. Méchant. Vraiment.

I want you & no one else ♪

La sonnerie du Blackberry de l'enfant prodige se mit à sonner. Sans aucune gène, tout en se foutant complètement que Chizu le prenne pour un garçon mal élevé, il lu ses messages. Encore une invitation à l'ouverture d'un nouveau bar branché dans les rues réputés de la ville. Comme s'était commun. Obsessed de BoA arrêta de sonner une fois qu'il lu son message et pianota sur son clavier, en répondant distraitement à Chizu.

- Tout ce que tu ne me trouves pas Sahiko … tout ce que tu ne me trouve pas.

Le rouquin remit son téléphone dans sa poche et se redressa vers la brune en haussant un sourcil dubitatif. Quoi, c'était une des rares filles à ne pas se jeter à ses pieds. Certes, ils avaient tout deux des antécédents enclin à se détester. Certes, ils avaient toujours tout fais pour ne pas se voir. Au fond, y'a bien un truc qui la ferait craquer sans pour autant le supporter. Eh … Pas clair ?

Ok, supposons que A est un bâtard, pour faire simple. A possède tout ce qu'il veut, il est tout. B déteste A. B, tout en détestant A, éprouve quand même la même admiration que C. Sauf que C ne cache pas qu'elle est subjugué par A.

J'adore expliqué des trucs qui non aucun sens.
Mettez ça de côté.

Crystal n'était pas très loin d'eux. Cinq minutes, dix tout au plus s'ils trainaient encore. Il supposait lâcher Chizu devant Crystal avant qu'on ne l'aperçoit avec elle. Question de sécurité.

- La princesse va passer par où pour aller en cours ? Un roi ne traine pas spécialement avec une princesse déchue, c'est mauvais pour ses sujets.

Chizu et les garçons. Haha. Ceci n’est pas ironique. C’est pas non plus vraiment une histoire drôle, mais en tout cas une qui est tout sauf d’amour. Et pour cause, Chizu n’est jamais tombée amoureuse, comme jamais personne n’est tombé amoureux d’elle –ou en tout cas elle n’a jamais été mise clairement au courant-. Franchement, ça ne la pas souvent dérangé. Avec ses rares camarades, la jeune étudiante était habituée à tenir la chandelle à chaque petites sorties exclusives qu’on lui offrait et qui, habituellement, contenaient toujours la présence d’un ou deux couple, qui ne duraient pas longtemps d’ailleurs. Et c’est ce que Chizu reprochait à tant de soi-disant amours : leurs vœux apparemment bien construits et solides, qui finissaient par tomber. Bien entendu, elle avait eu des aventures. Mais rien de sérieux, c’était rarement pour du vrai et constructif. Certains mecs avaient crus, et étaient repartis un peu déçu. On pourrait reprocher à Chizu de ne pas essayer de se lancer dans ça. Mais elle a ses raisons que la raison ne connaît pas ! Ni nous d’ailleurs. L’air enfantin de Besshô l’étonna, et elle rie doucement.

Chizu était toujours très fière de sa maladresse. Après tout, grâce à elle, elle avait réussi à tâcher un joli jean qui coûtait la peau du… très cher ! Enfin, la demoiselle pouvait toujours discuter, elle aussi n’était pas dans un état habituel. Elle avait l’air fine avec de la cendre sur son tee-shirt. Ca ne la dérangeait pas, pourtant. C’était forcément moins grave que ce jus d’orange sur les pieds, si vous voulez son avis. La cendre a une odeur discrète, pour elle. L’orange ça pue et ça colle ! Elle n’aimait pas voilà tout. Sa petite réflexion sur la différence de la cendre et de l’orange fut de courte durée quand elle entendit la sonnerie de Besshô. Oh ! Ce qu’elle aimait cette chanson, d’ailleurs elle fut tant surprise et heureuse de l’entendre qu’elle sourit bien largement. C’était étonnant de voir Besshô avoir une seule chose semblable à elle.

La réponse à son interrogation ne la surpris pas, par contre. Certainement que les filles qui fantasmaient sur Besshô trouvaient en lui quelque chose que Chizu ne voyait pas. C’était logique puisqu’elle ne voyait rien ! Enfin ça c’était ce qu’elle se persuadait de penser. Après, la jeune femme est si têtue qu’elle peut elle-même se voiler la face. C’était impossible d’être attiré par ce truc qui lui en avait fait bavé pendant longtemps, non mais ! Elle fixa longuement son regard en souriant tout aussi hypocritement. Cette légère paix, armistice, fut transitoire. Les paroles qui suivaient celles nourries de peu d’attention soulagèrent Chizu. Il avait eu la même idée ! Elle continuait à marcher à sa hauteur.

« Et bien, je vais passer par le chemin habituel, et toi tu contourneras par… elle fit mine de réfléchir n’importe où ! Sinon tu attends une dizaine de minutes après que je sois à l’intérieur et tu rentreras à ton tour. Qu’en dis-tu ? »

Et sans même lui accorder un temps de réponse, Chizu reprit la parole d’un ton morne et sérieux, le fixant avec un regard bien plus perçant.

« Fais attention. Un roi finit toujours par quitter son trône, et tes sujets changeront bien un jour d’avis. Ton règne n’est pas éternel. Profites-en bien, les princesses qui se sont faite rabaisser sont toujours plus malignes qu’on le pense. Il est vrai qu’elles ont beaucoup moins de moyens pour faire leurs jeux, mais elles sont nourries par un sentiment de… vengeance ! »

Elle avait fini sa petite parenthèse d’une voix légère et enfantine, encrée dans une innocence qui lui était propre. N’avait-elle pas fait deviner encore un peu plus ses intentions ? Chizu avait bel et bien décidé de trouver quelque chose qui basculerait toute la popularité de ce cher Junichirô Besshô. Il le méritait, après tout. Elle attendait aussi que ce dernier lui confirme officiellement cette nouvelle confrontation. Les piques lançaient aujourd'hui ne valaient guère contre ce qu'ils allaient se réserver chacun de leurs côtés, non ?

Pour ce qui était de sa petite clique de filles fanatiques, Junichirô ne cherchait ni à s'en vanter, ni à éclaircir le sujet. D'une, ça l'agaçait et en plus, ça ne regardait que lui. Il fallait être au petit soin de Jun, ou un ami très proche, pour mesurer l'ampleur que la connerie féminine peut parfois atteindre. Jun connaissait des cas, qu'il n'est ni préférable de citer, ni élogeant pour la gente féminine. Voilà qui est bien malheureux.

I confess, I'm obsessed ; It's a crime, it's a shame, holding your love for me ♪

Un message, de nouveau ! Junichirô ronchonna en extirpant son téléphone de sa poche et lu le mail qui provenait d'Annabelle. Il s'adoucit, le contenu tombait bien ; cible, Megumi. Soit, il en toucherait deux mots à sa cible préférée ; avec un peu de coopération, il mesurerait son jugement une seconde fois.

Au fond, ça changerait quelque chose ?
Non.

- I'm going crazy here by myself.

Le garçon au cheveux roux se mit à chanter. Il avait de la chance, il chantait bien. Encore mieux, il dansait comme un dieu, possédé par le démon de la danse (Je cite, Michael Jackson). Un avantage considérable. Il répondrait à son mail plus tard, il optait pour se dandiner à côté de Chizu. C'était bien la première fois qu'il aurait eu envie de danser avec elle.
Enfin, pas avec elle.
Je vous ai fais peur, hein ?
La première fois qu'il aurait eu de danser avec Chizu à ses côtés, ça c'est différent.

Certes, danser en marchant, ça ressemblait plus un déhanchement désordonné qu'à une chorégraphie. Je vous l'accorde, j'en fais souvent les frais.

En tout cas, Jun n'était pas pressé d'aller en cours. Chizu pouvait y aller avant lui, ça ne le dérangeait en rien. Il aurait volontié montrer qu'il était d'accord, mais avant qu'elle ne lui coupe la parole.

Oh, quel toupet !

Il écouta le récit de la demoiselle sans bronché et ne lui adressa qu'un sourire moqueur saillant. Elle entrait dans son jeu, parfait. Il hésita à répliquer tout de suite, à la place, il pinça la joue de Sahiko avec audace, en gardant cette même moue de gosse de cinq ans. Mais oui, la bouche en trois. C'est explicite, hein ?

Il approuva d'un signe de tête distrait et accorda ses gestes avec une touche ironique dans la voix.

- Vos désirs sont des ordres.

Les deux étudiants arrivaient tout près de l'entrée de l'université. C'était bientôt le temps pour eux de se séparer. Comme c'est dommage. Après tant de marque d'affection, j'étais émeus moi. Ils avaient du temps devant eux, la même classe quoi' …

- Juste comme ça, tu connais à peu près les autres classes de secondes années ? Je sais ce que tu vas dire, il reprit le timbre de voix de Chizu avec un air provocateur, « Et tu crois que je vais tout te lâcher ? » A quelque variante près, non ?

(court sorry ><)

Yeux ronds. Mode surpris. Chizu fut en effet très étonnée d’entendre son meilleur ennemi chantonner d’un air distrait. Le pire c’est qu’il chantait bien, l’enflure ! L’étudiante aimait bien, le chant. Elle en a pratiqué tout au long de son enfance. C’était marrant. Le truc, c’est qu’elle avait abandonné juste avant son entrée à Crystal Ship. Son professeur l’avait prié de continuer, mais elle lui avait foutue une claque pour son incompréhension en criant qu’il ne pensait qu’à sa paie. Certes, ça avait été un homme charmant et gentil, sauf que Chizu était restée sur les nerfs. Bref, pour faire court, Chizu avait continué la chanson, ne suivant pas totalement l’ordre de celle-ci d’ailleurs.

« I’m climbing the walls losing my mind, it’s all your fault… »

Si discrètement qu’il était presque impossible de l’entendre. Elle connaissait par cœur Obsessed et se la passait pratiquement chaque matin, histoire de lui donner la pêche pour ramener son derrière en cours. Mais oui, elle adore son université, je vous dis. Bref, tout ceci pour dire qu’elle n’allait certainement pas complimenter son interlocuteur. C’était se rabaisser soi-même ! Perdre une bataille trop facilement, se faire éjecter par ses propres pièces…

Non mais il avait pas fini de la tripoter, celui là ?!
Oui c’est ce que pensait Chizu. Elle en avait marre de se faire toucher par cet individu qui, ne l’oublions pas, était son adversaire. Il avait des tas de nanas à aller chopper la joue, pourquoi ça tombait sur elle ? Chizu ronchonna. C’était très désagréable, et elle détestait être prise pour une gamine. La preuve, prendre sa joue était complètement absurde –comment ça, elle s’énerve pour rien ? Bah oui-. L’enfant dans l’histoire, c’était bien lui. Et Besshô semblait se plaire dans sa petite attitude innocente. L’innocente, c’était elle, et elle comptait bien garder ce statut d’étudiante sage et victime –surtout victime-.

Encore un message : il n’avait pas menti sur le fait d’en recevoir tout le temps. Le téléphone de Chizu était, pour ainsi dire, totalement vide. Enfin presque, on va pas abuser. Faut pas croire qu’elle est associable… c’est son adresse électronique qui semble vouloir ne pas se remplir. En tout cas, elle haïssait ce foutu sourire qui ornait le visage de Besshô. « Vos désirs sont des ordres », la bonne blague. Si tu l’avais écouté, tu serais déjà mort. Ou simplement très loin, mais alors très loin d’elle, Junichirô.

Piteuse imitation. Levant un sourcil d’un air exaspéré, Chizu esquissa un étrange sourire qui voulait tout dire. Les secondes années, hein ? Et bien elle n’avait pas beaucoup de relations, bien qu’elle en croisait beaucoup. Cependant, Junichirô semblait peut-être croire qu’elle en savait un peu plus que lui sur ce coup-là. Rien d’étonnant, ce mec là ne s’intéressait qu’à lui, elle l’avait toujours dit. C’est bien le genre à oublier le nom de celle avec qui il a passé la nuit.

« Tu y es presque ! Mais attends… c’est irrationnel. Le numéro Un de l’Elite demandant des informations à sa cible, tu te rabaisses tout seul. Même ‘juste comme ça’, c’est exaspérant. Si je t’en disais trop, ce serait terriblement facile. Et j’y gagnerai quoi, moi, dans tout ça, hein ? »

Rien. Le pire c’est qu’elle ne savait rien, Sahiko.

Comprenez bien que Junichirô n'est pas fan de toucher Chizu. Son contact ne le ravit pas, ne le met pas dans tout ses états tel un adolescent puéril ; il se sentait plus proche d'un mouvement gênant pour lui que d'un plaisir particulier. Il n'attraperait pas une herpès virulente mais tant que ça mettait Chizu mal à l'aise, c'était le principale. Il le voyait dans ses réactions absurdes et à travers son humeur vacillante.

Au fond, il pose les doigts sur beaucoup de filles, le fils unique Besshô ? Pas vraiment. On se salit pas les mains, ahahah. A croire que ses mains valent de l'or – du moins, il s'en rapprochait. Quelles filles ne seraient pas devenues hystériques juste pour l'avoir effleuré ? Une conne, ok je veux bien. Vous n'imaginez pas à quel point c'est plaisant d'être dans les bonnes grâces du numéro un. Non, vous ne l'avez pas vécu. Quel déception, quel temps perdu.

S'il le souhaitait, Jun poserait ses mains sur elle encore une fois. Ailleurs, de différentes façons. Un garçon tactile, préférant le contact charnel accompagné de bonne parole – bonne, bonne. Tout est relatif. Le rouquin se moqua de l'embarra de Chizu. Il produisait véritablement un sentiment évasif ? Peut-être, on dit souvent que le contact change une relation … ou je l'ai sans doute lu dans un magasine par dessus une épaule. C'est probable aussi, les magasines savent plus quoi inventé. La dernière fois j'ai même lu un …

… Ah, quel histoire passionnante.

L'héritier Besshô s'alluma une dernière cigarette avant de monter en cours. Il fumait beaucoup, même trop. Après tout, il avait un peu de temps devant lui. Elle montrait, il suivrait avec le temps d'intervalle, comme convenue. Surtout s'il avait le temps de fumer ; une occupation qui convenait parfaitement.

Il tira une taffe, sans s'étonner de la réponse de Miss Sahiko.
Néanmoins agacé par cette réponse, Junichirô regarda le sol en tapant nerveusement le bout de sa pompe sur le sol. Il n'allait pas la forcer à cracher le morceau, c'était moins subtile. Il ne voulait pas non plus qu'elle se doute que c'était une demande de la seconde de l'E5. En aucun cas, leurs affaires devaient et restaient confidentiels. Leurs plans tombaient à l'eau si elles s'ébruitaient.

Le rouquin fit un mouvement évasif de la main ; montrant par cet occasion qu'il supportait difficilement qu'on ne soit pas à ses pieds et à ses petits soins. Un enfant capricieux et trop gâté, voilà ce qu'il est.

- C'est une simple curiosité. Je t'oblige pas à répondre, Junichirô brassa toute la fumé sur la face de Chizu (vous savez ce qu'on en dit d'ailleurs, de souffla la fumé au visage de quelqu'un ?) Monte pas sur tes grands chevaux, ma belle.

L'adolescent s'adossa à un mur, en prenant son téléphone entre ses mains. Lui donner son adresse ? Non, de toute façon, elle n'était pas dur à trouver si elle y tenait. La plus simple à trouver même.

- J'ignore si ça t'apporterait quelque chose, mais bon ; j'aime bien connaître des têtes.

(désolé pour le retard... et pour cette réponse pas topissime -.-)

C’était comme si soudainement, Chizu portait un tout autre intérêt pour le cours qu’elle était en train de rater. Rester là, devant Junichirô Besshô qui avait toujours cet air suffisant sur son visage, son attitude vantarde et ses mimiques pseudo enfantines… Elle le détestait, c’était un fait (oh la rime !). Ca ne changerait jamais, d’ailleurs, pourquoi ça changerait ? C’était idiot de penser qu’un instant qu’ils pourraient –comme il l’avait dit lui-même avec son ton unique en son genre- taper le carton ensemble. La belle affaire.

A croire qu’il ne pouvait pas rester une seconde sans avoir quelque chose dans la bouche, Besshô. C’était étrange mais plus elle le voyait tirait des taffes moins elle avait envie de fumer. Comme si le moindre truc en commun avec lui la dégoûtait. Ouais, ça devait être ça. C’était encore son envie de ne ressembler à personne qui prenait le dessus sur son envie de nicotine. Bref, elle soupira en souriant quand elle se reçut toute la fumée sur la figure. Ca, c’était marrant sur quelqu’un qui ne fumait pas. Enfin, Chizu s’amusait beaucoup en voyant l’autre toussoter et l’insulter genre t’es une grosse pas douée Sahiko. Elle a l’habitude de faire chier les gens mais toujours gentiment. Mais avec lui, le jeune bourge de l’Elite 5, c’était jamais gentiment. Après tout, il fallait bien qu’elle ait toujours un but pour lui parler. Là aujourd’hui, elle trouvait qu’elle n’avait fait que passer ses nerfs assez agités après avoir secourue deux mémés en détresse. Oh, et creuser un peu, juste assez pour savoir ce qu’il faisait de ses journées. Peut-être qu’avec ça, elle dégoterait un truc dont il ne se remettrait jamais. Simplement… elle en était moins sûre désormais.

« Monte pas sur tes grands chevaux, ma belle. ». Bah voyons. De toute manière, elle monte toujours sur ses grands cheveux, la Chizu. A croire qu’elle ne descend qu’une fois son interlocuteur parti. Bref, elle l’écouta finir sa petite parlotte et l’étudiante haussa les sourcils. Connaître des têtes. Il aimait bien, apparemment. Bah écoute, tant mieux pour toi coco ! Au fond d’elle-même, Chizu l’enviait. Parce qu’elle aussi, elle aime avoir des relations un peu partout, du genre à ne jamais être seule très longtemps. Lui, il pouvait aller dans un trou pomé, y’aura toujours un idiot qui le reconnaîtra et qui ira lui taper la discute. Certainement que Junichirô s’en fichait, il avait l’habitude. Mais Chizu, rien d’autre ne pourrait lui faire plus plaisir que quelqu’un qui vient naturellement vers elle, pas comme là où il fallait qu’elle tombe sur son pire ennemi en lui renversant accidentellement du jus d’orange sur les chaussures. Pitoyable. Oui, c’est exactement le mot. Même si pathétique ça le ferait bien aussi.

A court de paroles, Chizu se mordit la lèvre inférieure et tourna la tête direction l’Université, hésitant presque –je dis bien presque- à rester avec Besshô. Et puis non ! Elle se gifla mentalement. Elle n’en avait rien à faire de sa petite vie. Ils rentreraient chacun leur tour, avec cet idiot d’intervalle, comme si ils cherchaient à jouer les espions de deux clans ennemis qu’il ne fallait surtout pas, mais alors surtout pas voir ensemble. Partant à reculant, Chizu s’exclama d’une voix forte et enjouée.

« Très certainement, mon cher. Et bien je te dis à tout de suite ? J’ai été ravie de discuter avec toi, comme toujours ! »

L’hypocrite sarcastique. Elle adorait parler comme ça à Besshô. C’était un jeu plaisant, finalement. Et tandis qu’elle ne le voyait déjà plus, elle cria dans le vide, histoire d’être sûre qu’il l’entende assez. Puis, fallait vraiment le faire pour ne pas saisir ses paroles. Avec sa voix…

« C’est MOI, qui remporterait la partie ! »

Certains étudiants perdus se retournèrent vers elle, interloqués par ses paroles. De toute manière, elle passait déjà pour une folle. Alors un peu plus ou un peu moins…